Temoignages des 100 premiers jours de lutte par les occupants

Temoignages des 100 premiers jours de lutte par les occupants

Lundi 3 novembre

Stupeur au skate park !!!!!

Les jeunes ne nous en avaient pas parlé, et pfft !!!! ce matin sans prévenir, ILS sont venus et ont tout démonté, voir détruit tout ce qui permettait à ces petits groupes de jeunes de se retrouver et de pratiquer leur sport favori.

En plus, c’était le dernier dans la ville…

ILS ont promis de le reconstruire en mieux mais aux dernières nouvelles ILS ont encore mentis et n’en font encore qu’à leur tête au mépris des gens concernés.

 


 

Mercredi 5 novembre

Je me préparais pour un automne rituel et paisible quand j’entends dire par les passants que 82 arbres vont être abattus.

Les mots bulldozer des hommes au pouvoir reconnu, au pouvoir démocratiquement obtenu, charrient le projet du XXIe siècle !

C’est un projet complexe et tortueux qui s’embourbe dans les méandres des esprits compliqués et de lois ineptes.

Les mots bulldozer ont soulevé le cœur d’hommes et de femmes sans pouvoir reconnu, sans pouvoir démocratiquement obtenu.

Ils ont soulevé un étrange mouvement qui ressemble à la montée de la sève au printemps. Ce cœur bat à l’unisson des différences de ces hommes et de ces femmes rassemblés là … pour nous !

Par un accord tacite, ces hommes et ces femmes décident d’être sur place avec nous chaque jour, chaque heure, la nuit aussi.
 

 

Mercredi 12 novembre

Ce jour là, il était écrit que les premiers arbres ne se laisseraient pas scier sans résistance. Nos défenseurs étaient là. Une centaine environ. Certains sont montés dans nos branches.

Ils ont bloqué le camion grue des élagueurs venus couper nos frères soi-disant malades pendant plus de deux heures.

Devant la maladie avérée des 4 acacias et du frêne, ils ont fini par laisser faire.

A quand notre tour ?

Dimanche, ils vont pique-niquer et se réunir pour débattre des actions à mettre en place pour nous protéger.

Grimper, s’enchaîner, veiller, tout doit être tenté.

Les troupes grossissent mais une pensée unique les anime : empêcher que ce magnifique jardin devienne un hypothétique bloc de béton.

L’abattage est programmé alors que le projet a été décidé sans concertation aucune avec la population. Une pétition a même été mis en place, et les gens affluent déjà pour la signer.

 

 

Jeudi 20 novembre

Aujourd’hui a eu lieu une drôle de cérémonie.

Catherine après avoir fait un énorme travail de recherche autour des différentes essences d’arbres qui peuplent le lieu, a eu une idée.

Elle a donné un prénom à chaque arbre et a proposé à tous d’en adopter un. Les gens ont afflué. Autour d’elle, c’était comme une ruche d’abeilles. Des familles entières se sont inscrites. La règle est simple : On choisit l’arbre que l’on veut dé-fendre*. On inscrit son nom au bas de la feuille et l’arbre n’est plus seul.

Des liens se créent – des liens secrets – entre les arbres, entre les hommes, les femmes, les enfants. Une vie nouvelle, imprévue circule entre nos troncs, entre les idées, entre les habitudes de nos défenseurs. Ils sont soulevés par une force qui les dépasse et les lie inexplicablement à notre destin.

* Dé-Fendre : Nous ne voulons pas qu’une lame sépare les cercles concentriques de ces piliers vivants en train d’accomplir leur entrée dans le repos latent de l’hiver


 

Vendredi 21 novembre

Ce matin nous avions bien remarqué le ballet des agents municipaux autour de la yourte fraichement montée à nos pieds. Sous prétexte de tonte, ils ont tenté avec beaucoup de violence vis-à-vis de nos sentinelles, de remonter les grilles qui nous encerclaient auparavant pour délimiter le lieu de notre prochaine agonie. Interposition, accrochages, mots d’oiseaux. Rien n’y a fait. Les agents ont fini par battre en retraite et les barrières sont de nouveaux par terre.

 

Mardi 25 novembre

Ce soir-là, nos défenseurs ont trouvé portes closes à la salle du duc Jean malgré une promesse du conseil général. Le débat fût torpillé. Leur paroles étouffées sous la pluie torrentielle de cette soirée. Encore une fois du mépris pour les citoyens, de la part des institutions qu’elles soient municipales ou départementales.


 

Vendredi 28 novembre

Ce soir-là, sur l’esplanade entre la cathédrale et la mairie l’atmosphère est lourde, la cinquantaine d’opposants présents impressionnent par leur détermination. Ils forment, silencieux, bâillonnés de blanc, une haie de « déshonneur », pour les participants au conseil municipal. Baillons blancs pour colère noire. C’est ce soir que le maire fait voter le projet de la MCB « du XXIe siècle ».

Ensuite leur baillons allèrent décorer nos compatriotes arbres alentour comme pour prolonger cette image de paroles de citoyens non entendues.

 

 

Samedi 12 décembre

Nos irréductibles défenseurs décident de déambuler sur le marché de noël et dans certaines rues de Bourges afin de sensibiliser encore plus de Berruyers à notre cause. Déjà plus de 6000 signatures de la pétition.

L’esprit de noël semble pourtant s’être emparé de la ville. Leur combat semble quelquefois décalé, dérangeant, indésirable. Mais ils renouvellent encore et toujours les actions.

ce projet est et demeure OCCULTEREL

 

 

Mardi 16 décembre

Encore une fois, le maire reçoit une délégation de
5 personnes du collectif Luttes Séraucourt. Pendant plus de 3 heures il pratique la langue de bois avec tous les présents. Cette réunion est une mascarade pour démontrer une pseudo concertation. Mais c’est surtout le déterminisme récurrent de cet élu qui en fin de compte les confortera dans la poursuite de la lutte.

 

Vendredi 19 décembre

Nos vaillants sauveurs des arbres ont bravé la pluie devant l’auditorium en distribuant « les droits du rêve », un 4 pages informatif à l’intention des 500 personnes venues entendre le « débat » concocté par le maire. Débat sous tension qui tourne au face à face.

Plus les hommes s’expriment, s’agitent, s’organisent, prévoient, démontrent, s’opposent, se heurtent, plus nous les arbres, nous nous enracinons tranquillement et plus profondément dans la terre. Craignons-nous une fin de vie prochaine et programmée ? Aucunement ! Nous demeurons imperturbables et majestueux. Nous mettons toute notre confiance entre les mains et les cœurs de ces quelques 7000 frondeurs dans l’espoir de sentir nos bourgeons printaniers s’ouvrir une année encore.

 

 

Mercredi 31 décembre

Ni le froid, ni l’esprit festif de cette soirée, n’a empêché quelques irréductibles de venir sur notre place parler de nous à ceux venus contempler le spectacle pyrotechnique de cette fin d’année.


 

Lundi 5 janvier

Encore une haie silencieuse, pour les vœux du maire. Nos rebelles ont encore frappé les esprits en plastronnant une image de la maison de la culture foudroyée en plein cœur.

 

 

Samedi 17 janvier

Nous les voyons. Ils sont là sur les hauteurs du château d’eau, alignés, tous habillés de noir, silencieux, imperturbables, majestueux, avec leur pancarte bien calée dans leur main. Ils surplombent de leur présence tenace et silencieuse le petit barnum Blanc soi-disant à l’écoute des administrés, mais sourd aux 8000 citoyens signataires de la pétition et donc contre ce projet mortifère.

 

 

Samedi 14 février

Nous sommes la mémoire de cette ville. Nous aimons ces hommes et ces femmes ingénieux, rebelles, frondeurs qui inlassablement depuis 100 jours croient et se battent pour la sauvegarde de ce site naturel en plein cœur de la cité.

Ne lâchons rien !!